ARGENT DE TOUS, ARGENT POUR SOI.
Vous l’avez peut-être lu dans le journal leparisien, cette fausse pharmacienne dans le XI arrondissement condamnée pour faux et usage de faux et usurpation de titre.
Certains commentaires sont pas mal avec entre autre celui de « Mathieu » qui dit « Je suis pharmacien et je m’indigne devant certains commentaires ! ma profession est très critiqué mais souvent par des personne qui n’ont jamais rien eu à voir avec la santé ! venez dans nos officine durant une journée ! vous verrez que notre métier n’est pas juste de vendre une boîte ! c’est aussi : – se battre quand il y a une erreur de prescription – mettre en place des matériels de maintien à domicile pour les personnes âgées – appeler vos médecins/infirmier/autres professionnels de santé si il y a une incompréhension – vous permettre d’avoir un premier avis sur certains maux (bien que notre métier n’est pas le diagnostic mais le médicament) – vous protéger d’un mésusage des médicaments! combien de personne viennent à l’officine en me demandant des antibiotiques sans ordonnance et a qui je conseil de ne pas prendre ce type de médicament sans analyses/avis du médecin… (souvent les gens ne comprennent pas d’ailleurs que la résistance au antibiotique c’est pas le corps humain qui résiste mais bien l’antibiotique qui devient résistant ! donc si la bactérie ultra résistante se retrouve chez un nourrisson ou chez un 3 voir 4 ème âge c’est la catastrophe et ce ne sera plus 20€ le traitement mais un long séjour à l’hôpital!) et tous nos conseils gratuits, des livraisons à domicile quand vous êtes cloués au lit (à la fermeture vers 20h30) au lieu de rejoindre ma famille! si vous n’êtes pas content de votre pharmacien car il n’est pas compétent : changez! a tous ceux qui pensent qu’on est des nantis : 70h par semaine, ma copine a 1h30 de mon outil de travail, une vie de famille difficile. un salaire horaire qui n’est pas loin du smic et des patients pas toujours sympa pour 50 cts /1€ alors qu’ils vont au resto le soir même payer leur bouteille de rouge a 20€… des gens qui ne nous considèrent pas alors qu’on ferait beaucoup pour eux… si je refuse une délivrance c’est pas que je suis méchant c’est juste pour votre bien. et si le pharmacie. vous donne ce que vous voulez alors qu’il fait une ordonnance : dites vous que c’est illégal et que ce n’est pas dans votre intérêt ! concernant l’article : je me passe de commentaire sauf que c’est ce genre de personne qui bafouent notre profession ! bien cordialement mathieu nb : excusez moi pour les fautes pas le temps de me relire et j’écris avec un smartphone. »
Mathieu semble titulaire d’après ce que je lis et je peux comprendre, même si c’est excessif que sa structure le rémunère mal. Je l’imagine alors volontiers passer beaucoup de temps à traiter les malheurs des autres pour pas un euro et laisser la pression commerciale aux autres, à son équipe s’il en a. En revanche, si Mathieu était adjoint et bien là encore, téléphoner à droite et à gauche, prend du temps et c’est bien connu, le temps c’est de l’argent or là, ça rapporte peu ou au mieux la reconnaissance du client. Mon expérience montre et Mathieu dit en gros la même chose, que malgré tout ce que l’on entend, la clientèle est très peu souvent reconnaissante des efforts fournis puisqu’en France la santé est gratuite donc ce que tu fais est normal et surtout gratuit. On a tous entendu un jour ou l’autre « moi pas payer » n’est-ce pas ? C’est un peu le slogan santé à la française. Une chose est sûre, pendant que tu appelles, les autres devront vendre plus.
Je voudrais croire tes mots mais la réalité est bien différente. Ce que tu décris devrait être notre comportement, il l’est parfois donc pas systématiquement. Il est impossible de le tenir pour tous.
Une chose est sûre, certains de nos confrères et consœurs mutent vers une forme comportementale pathogène.
Il y a un peu plus d’un an, une titulaire du 17e arrondissement, titrait son annonce de recherche pharmacien sur le site OCP (entreprise de répartition pharmaceutique) « pour un job d’appoint ». Je ne sais pas si cela te touche autant que moi mais cela dit où nous en sommes. Le niveau de la profession est tel qu’il était inimaginable d’associer 6 ans d’études à un « job d’appoint » et pourtant…
Premier point : nous nous accrochons à une réalité perdue, le pharmacien n’a absolument plus la place dans le système de santé comme il y a 40-50 ans.
Deuxième point : c’est le rôle de l’ordre des pharmaciens. Le faux diplôme est comparable en tous points avec un vrai nous dit on. L’ordre sert à quoi pour en arriver là puisqu’il n’y a pas suffisamment de contrôle. Un ordre qui me demande une cotisation de 259 Euros par an en ce qui me concerne pour avoir le droit de travailler, ça fait mal quand on connaît les salaires en pharmacie. Un ordre qui me protège normalement. Quelle image il donne là ?
Troisième point et finalement le plus grave pour moi, ce sont les commentaires ;
Pseudo Bratisla « 17 ans d’exercice sans que le conseil de l’ordre ne s’en rende compte… l’assurance maladie, juste à cause des prix des médicaments. ça veut dire qu’elle n’a pas fait d’erreur en 17 ans. elle aurait pu exercer à vie sans être inquiétée et en étant compétente si elle n’avait pas été agressée. comme quoi le diplôme est vraiment inutile… »
Pseudo Svet « Actuellement les pharmaciens ressemblent plus a des commerçants qu`a des conseillers médicaux ! on en apprend plus en consultant le net qu`en demandant leur avis »
et pseudo Cohene « Un pharmacien est un « docteur » ? 6 ans pour vendre des boîtes ? la préparatrice fait le même travail avec 2 ans d’études ».
Aujourd’hui, à quoi sert un pharmacien diplômé en France ? J’imagine que des clients étaient contents des conseils de cette dame usurpatrice qui escroque la Sécu. Il serait intéressant de savoir s’il y a eu un ou des problèmes pharmaceutiques imputables au travail à cette dame par le passé : délivrance, conseil par exemple. Le métier de pharmacien est très compliqué, techniquement difficile. Nous sommes avec internet, avec les médecins aussi qui se protègent eux efficacement. Nous sommes en compétitions même entre nous et pourtant comme le montre cette affaire, les pharmaciens sont des « gentils ». Ils sont gentils les pharmaciens, ah là, exit la protection des patients, avant tout, il ne faudrait pas passer pour des délateurs aux yeux des confrères et consœurs. Les pharmaciens auraient-ils tous des intérêts border line à protéger ? Les pharmaciens du quartier de Paris connaissaient l’absence du diplôme et pourtant … Alors on appelle la faculté, laquelle je ne sais. On voit le dossier pharmaceutique de certains clients nomades, naviguant entre la pharmacie incriminée et une autre. On questionne, on voit des irrégularités (des boites de médicaments en langue étrangère, des quantités aberrantes prescrites) et pourtant … Ah ça, on parle, on parle et on reparle dans tous les sens ; eh oui ma bonne dame, la France va mal ! Oh elle va très mal, très mal vous savez. Après ces belles paroles qu’est qu’on fait ? Eh bien, on ne fait rien parce que vous savez quoi ? La France elle va mal. Je caricature mais pourquoi n’agissons nous pas comme si nous étions tous pris d’une peur indescriptible de perdre le peu qui nous reste d’une pharmacie glorieuse. Le métier n’a rien de glorieux, le pharmacien notable c’est du passé.
Aujourd’hui le métier de pharmacien a t-il vraiment les moyens d’exercer son art dans un environnement économique très mouvant ? Il faut aller vite pour faire de l’argent, comment éviter d’être de simples commerçants ? Peut-on aussi continuer à faire confiance aveuglement aux professionnels de santé qui sont dans un business, monde capitaliste oblige ? Si cette usurpatrice a détourné de l’argent c’est certainement avec quelques fleurs qu’elle faisait à des patients. Régulièrement d’autres professionnels de la santé sont pointés du doigt (ambulanciers, infirmières). L’argent, le gain facile engendre ces situations.
Faire confiance à un individu entrepreneur qui voit chaque mois des factures à payer : l’emprunt, des charges, les salaires, les fournisseurs etc … En plus, lui demander de protéger les comptes publics ; dans un monde capitaliste c’est tout simplement inconcevable. Pourtant, c’est qui est fait en France.
Le seul et unique moyen de s’en sortir à mon sens c’est de créer deux filières. Utopie : une filière publique de dispensation de médicaments avec le tiers payant, les pharmaciens alors fonctionnaires pourraient peut-être éviter plus de gaspillage et protéger l’argent public ainsi que les patients bien sûr. A côté, une filière privée avec des clients payant leurs prestations remboursées par la suite.
Notre pays a fait le choix de payer la santé quelque en soit le prix. L’argent coule à flot. C’est bien, mais il faut des gens, des professionnels, un peuple raisonnable. On a gentiment 12 milliards de déficit sécu, à part dérembourser encore et encore, le système ne change pas.
On continuera vers une autre Bonne Nouvelle Année 2016 de déficit !!
Et enfin je rappelle pour ceux qui l’auraient oublié, le serment de Galien, « Je jure d’exercer avec conscience et de respecter non seulement la législation en vigueur mais aussi les règles de l’honneur, de la probité et du désintéressement ».