COVID : le moment du graal pharmaceutique est arrivé.

Le Graal et même le Saint Graal est la mythique coupe utilisée par Jésus et recherchée par les chevaliers de la table ronde.

Le Saint Graal n’a jamais été trouvé et fera toujours certainement rêver les uns ou fantasmer les autres avec des histoires abracabrantesques ; aujourd’hui on parle plutôt d’histoires complotistes.

Pour l’industrie pharmaceutique, le Graal, le Saint Graal, c’est bien aider les Hommes à mieux vivre, sauver les Hommes de la maladie, participer à faire un monde meilleur et peut-être l’impossible vie éternelle avec une simple capsule.

Bon d’accord, vous n’y croyez pas, vous vous dites il est fou, il va nous vendre l’industrie pharmaceutique. En réalité l’industrie pharmaceutique a beaucoup de défauts mais vraiment beaucoup de défauts, mais nous ne pouvons pas nous en passer. Certains parlent de « big pharma », mais il faut bien se dire que ses travers comme dans toutes les corporations font et feront partie de notre monde car nous avons besoin de ces entreprises pharmaceutiques privées tant au niveau de la recherche que de la fabrication.

Il y a quelques dizaines d’années, j’étais pharmacien-adjoint dans la distribution chez un grossiste-exportateur de médicaments. Lors de la journée annuelle de l’entreprise, dans un grand restaurant de la Tour Eiffel, un des membres de l’exécutif se plaisait à passer de tables- en table pour faire son monologue, plein de flatteries, d’abord pour nous motiver mais surtout pour vanter la grandeur de sa société. Un comportement peut-être travaillé avec des coachs très beaux et très chers. Oui vous en avez déjà vus, ils sont partout, les coachs ou les consultants d’entreprises. Ils sont toujours beaux, riches et jeunes ; c’est encore mieux mais surtout ils sont très sûrs d’eux car face aux pauvres petits soldats cadres, les grands dirigeants d’entreprises doivent assurer et faire grand effet. Être sous piles Wonder n’est pas donné à tout le monde !

Cette société-là, appartenait à cette époque, au groupe « Pinault-printemps-la redoute » ; une société « ovni » en quelque sorte dans le groupe mais qui rapportait beaucoup d’argent. Le secteur de la pharmacie, après le trafic de drogue est au deuxième rang des secteurs les plus rentables au monde. Quelques jours avant ce rendez-vous gastronomique, j’avais eu un accrochage avec la directrice de la logistique qui avait remis des insulines utilisées pour des tests qualités sur la chaine du froid. En d’autres mots, ces insulines ne devaient pas être vendues car elles avaient potentiellement subi des variations de température. Elle ne connaissait rien aux médicaments et pourtant elle avait davantage de pouvoir que le pharmacien titulaire qui, lui, était là uniquement pour permettre à l’entreprise de faire son business.

L’unique phrase que j’ai retenue de ce directeur-adjoint, la cinquantaine, bedonnant, cravate costume, les cheveux longs bruns clairs « la seule chose qui m’intéresse, c’est sauver les gens ».

J’ai tenu 13 mois avant de démissionner…

Avec mes mots, avec mon ressenti et mes expériences depuis le début de la pandémie, je voulais écrire sur l’extrême complexité de ce que l’on vit mais aussi l’extrême tension sociale que cela peut générer.

QU’EST-CE QUE LA COVID ?

Une simple « grippette » selon la Professeure Karine Lacombe (Paris, Hôpital Saint-Antoine) avec d’autres, souvenez-vous, seul le professeur Eric Caumes (Paris, Hôpital Pitié-Salpêtrière) en doutait mais il était bien isolé dans la communauté hospitalo-médiatique, au début, en mars 2020.

Même si encore de nombreuses personnes doutent, l’histoire va finalement lui donner raison, déjà près de 90 000 morts en France et quand aux USA, le nombre de morts, 500 000, dépasse déjà l’ensemble des morts de la 1ère, de la 2ème guerre mondiale et ceux de la guerre du Vietnam. C’est gigantesque.

Les coronavirus sont des virus à ARN fréquents, de la famille des Coronaviridae qui sont responsables d’infections digestives et respiratoires chez l’Homme et l’animal. Le virus doit son nom à l’apparence de ses particules virales, portant des excroissances qui évoquent une couronne.

Les petites sphères contiennent un acide ribonucléique (ARN). Cet ARN se réplique dans le cytoplasme de la cellule infectée.

LES TRAITEMENTS

La dexaméthasone

Cet anti-inflammatoire puissant, injectable, disponible et peu onéreux, est la réponse médicamenteuse la plus actuelle dans le traitement de la forme grave de la COVID.

Les anticorps

Soit monoclonaux soit en cocktail d’anticorps ; cette sérothérapie tente d’inhiber le virus. Elle est d’autant plus efficace pour les personnes qui risquent la forme grave de la COVID si elle est mise en place dans les 5 jours après le début d’apparition des symptômes.

Aujourd’hui, l’Institut Pasteur travaille sur l’ancien médicament pédiatrique OCTOFENE avec le Clofoctol, un anti-bactérien prometteur.

LES RATAGES

Souvenez-vous encore d’un inconnu gaulois, marseillais aux cheveux longs gris qui enfin disait ce que nous voulions tous entendre : une solution médicamenteuse existe pour trois francs six sous. C’est même lui qui l’a trouvée avec son cerveau d’une intelligence rare que le français moyen ne peut comprendre tellement son intelligence est grande. Légion d’honneur, professeur de classe exceptionnelle, plus jeune Président d’université, etc … Bref, beaucoup l’ont suivi et persistent ; beaucoup l’ont apprécié et persistent. C’est le fameux Professeur Raoult.

L’hydrochloroquine

L’hydroxychloroquine (connue sous le nom de Plaquenil), souvent présentée sous le nom de chloroquine (connue sous le nom de Nivaquine) ce qui n’est pas la même chose, mais dans les médias parfois les professionnels ne sont pas à un détail près.

Autant le dire d’emblée, ce n’est pas un Monsieur que j’apprécie. Il a certainement des qualités mais une personne aussi imbu d’elle même dans un moment aussi compliqué pour la nation, un scientifique de surcroit qui ne démontre rien … Next. Comme l’a dit le Professeur Axel Kahn « il se croit très bon, il est peut-être bon ». Je peux comprendre l’envie de mettre le pied dans la fourmilière ; vouloir remettre en cause des méthodes scientifiques, des méthodes d’enseignement et bien d’autres choses. Le moment pour s’afficher n’était certainement pas le meilleurs mais pire ce Monsieur a fragilisé les liens entre la science et le médical, entre le médical et les citoyens entre la science et les citoyens.

La colchicine

Il n’est malheureusement pas le seul à avoir fragilisé ces liens, chacun cherchant la lumière, comme le Canadien, jean-Claude Tardif de l’Institut de cardiologie de Montréal et sa miraculeuse Colchicine dans l’étude « COLCORONA ». Il faut savoir que ce médicament présente une marge thérapeutique extrêmement étroite c’est-à-dire que la dose efficace est proche de la dose toxique. Sans même avoir publié des résultats d’études, ce docteur a préféré s’adresser directement via les réseaux sociaux au public ignorant et avide de solutions pharmaceutiques simples pour à nouveau espérer vivre dans un monde sans COVID. Son utilisation est compliquée, la Colchicine peut aussi être très dangereuse avec certains antibiotiques notamment comme les macrolides qui augmentent sa concentration dans le sang.

De ces médecins, certains en parleront comme des génies, moi je les qualifie d’irresponsables et peut-être même de mégalos égocentriques narcissiques, je n’en jette pas plus, la coupe est pleine. En triturant leurs démonstrations, les chiffres dans un sens ou dans un autres, les scientifiques arrivent souvent à leurs faire dire ce qu’ils souhaitent. Vous l’avez compris, le monde de la médecine n’a rien à envier au parfaitement parfait que beaucoup de professionnels de santé voudraient dégager avec un discours rationnel et vrai.

La vitamine D

Quant à la vitamine D que l’on sert à toutes les sauces depuis 10 ans, elle n’est pas nouvelle, ni miraculeuse, je suis désolé de vous décevoir ! Si son taux est normal, il n’y a pas besoin de supplémenter. Pourtant, nous serions tous carencés sans jamais pour la plupart avoir fait le moindre dosage avant d’en recevoir par prescription. De plus, les techniques de dosage sont elles-mêmes remise en cause. La vitamine D permet surtout de fixer le calcium au niveau de nos os mais elle participe aussi dans les mécanismes immunitaires. 15 à 20 minutes d’exposition au soleil suffisent pour un apport journalier suffisant à l’organisme en vitamine D.

Bien d’autres médicaments

Il y a eu la Cétirizine, un anti-histaminique, il y a eu l’Azithromicine, un antibiotique, il y a eu beaucoup de Fake news et cela va continuer.

Les avis différents sur les traitements entre les scientifiques ont semé le doute dans la population et politisé la situation. Le film HOLD UP est un peu un résumé de ce qui s’est passé en 2020 sous le prisme du complot et d’un monde qui va mal. Les réponses de l’Exécutif n’arrivant pas assez vite ou pire, se contredisant quand elles arrivent, il n’en faut pas plus pour séduire les complotistes et ouvrir une autoroute sur les réseaux sociaux. Ces signaux sont autant de dangereux comportements pouvant polariser notre pays.

LES VACCINS

De très nombreux candidats vaccins COVID-19 sont en cours de développement dans le monde.

La recherche aura certainement fait un bond de géant en un minimum de temps en essayant de mettre au point des vaccins allant des technologies traditionnelles aux plus novatrices.

Ainsi nous pouvons actuellement voir quatre classes de vaccins : ceux à virus entier inactivés, ceux dits « sous-unitaires », ceux à acide nucléique et ceux à vecteur viral.

LES VACCINS INACTIVES

Des germes entiers inactivés (tués) sont inoculés pour entrainer la réponse immunitaire. C’est la voie traditionnelle de fabrication des vaccins, celle de Pasteur : il n’y a pas d’agent infectieux vivant, le virus ne peut pas se multiplier dans notre organisme. C’est le vaccin contre la grippe par exemple ou encore le vaccin chinois contre la COVID-19.

Des adjuvants sont souvent nécessaires tout comme des injections multiples pour augmenter et entretenir la réponse immunitaire.

LES VACCINS SOUS-UNITAIRES

Il s’agit d’une fraction de virus ( sous-unité protéique dans le cas de COVID-19 ) reconnue comme entrainant la réponse immunitaire.

Pour le virus du COVID-19, vous entendrez parler de la protéine SPIKE. Il s’agit une protéine immunologique à la surface du virus. Elle permet au virus d’entrer en contact avec les cellules saines pour les infecter ensuite.

Il existe aussi des pseudo-particules : ce sont des protéines qui imitent la structure du virus. Vous entendrez alors parler de particules virales sans génome ou VIRUS LIKE PARTICULE (VLP). Contre le virus de la COVID, ces VLP contiennent aussi la protéine SPIKE en surface (stratégie des laboratoires SANOFI ou GSK).

Si le produit synthétisé n’est pas exactement conforme à la protéine originale alors l’effet sera moindre et nécessitera des adjuvants pour améliorer son efficacité (vaccin hépatite B ou méningocoque B).

LES VACCINS A ACIDE NUCLÉIQUE

Il s’agit d’injecter un brin d’acide nucléique de synthèse dans une particule lipidique afin que nos cellules fabriquent un antigène, En l’occurrence pour nous, il s’agit de la protéine immunogène SPIKE. Ce sont les fameux vaccins à ARNm ou à ADN. Nos cellules fabriquent donc le vaccin. Cette méthode vaccinale très ciblée n’a pas besoin d’ajouter d’adjuvants dans les vaccins mais elle peut nécessiter plusieurs injections.

Le brin d’ARNm ne peut pas rentrer dans le noyau de nos cellules donc ne peut pas intégrer notre génome et le modifier. Ce brin passe par des unités de fabrication qui lisent le brin puis il se dégrade rapidement.

Quant au brin d’ADN incluant le gêne de la protéine SPIKE, il n’a pas donné de résultat probant. Il va en revanche dans le noyau de la cellule pour ensuite donner un brin d’ARNm qui entrainera la production de la protéine immunogène SPIKE.

Aucun vaccin à ADN n’avait été commercialisé pour les Hommes jusqu’à présent. Seul le vaccin à ARNm vient d’arriver sur le marché pharmaceutique mondial.

Pfizer et Moderna

Les vaccins contre la Covid-19 de Pfizer-BioNTech et Moderna ont été les premiers à être autorisés sur le marché en Europe avant l’apparition des premiers variants de Covid-19 en Angleterre ou en Afrique du Sud. Ce sont les vaccins à ARNm. Selon Pfizer et BioNTech, les tests in-vitro de son vaccin face aux variants se sont montrés concluants. Ils se tiennent malgré tout en alerte au cas où l’un des variants deviendrait résistant au vaccin.

Même chose pour Moderna. Mais le laboratoire américain veut aller plus loin et travailler sur la potentialité d’une dose additionnelle pour accroître la protection contre les variants. C’est notamment le variant sud-africain qui inquiète Moderna avec la possibilité de contourner la protection immunitaire.

L’inconvénient notable de ces vaccins est la fragilité des brins d’ARNm. Ils sont tellement fragiles, qu’il faut les maintenir à une température très basse (- 80°C) pour les figer et éviter ainsi qu’ils ne se fragmentent.

Une fois décongelés, nous avons jusqu’à 5 jours pour conserver entre 2°C/8 °C les vaccins Pfizer. Un flacon permet de faire au moins cinq injections et au plus sept. S’ils ne sont pas utilisés, alors ils partiront en destruction donc gaspillés car payés par nous tous, faut-il le rappeler. Le schéma vaccinal est de deux injections dans un intervalle de 3 semaines.

Le vaccin Moderna se conserve jusqu’à 6 mois à -20°C et pourra tenir jusqu’à 30 jours entre 2°C/8°C. Pour les utilisés, nous aurons jusqu’à 12h à température ambiante avec un schéma vaccinal de deux injections dans un intervalle de 3 à 6 semaines.

LES VACCINS A VECTEUR VIRAL

Il s’agit d’injecter un virus vivant non pathogène chargé de transporter jusqu’aux cellules la séquence d’ADN codant pour les protéines virales immunogènes dites SPIKE.

AstraZeneca

Le vaccin anti-Covid d’AstraZeneca est un vaccin à vecteur viral. Le virus transporteur ne peut pas se multiplier, le vecteur est dit non répliquant. la Russie avec son vaccin Spoutnik V utilise la même technologie. Les laboratoires Janssen ou encore Johnson et Johnson : pareil !

Ce vaccin a été développé avec l’université d’Oxford et a été autorisé le 29 janvier 2021 par l’Agence Européenne du Médicament. Mais le vaccin britannique fait grandement débat.

Si son efficacité globale de 70% est plus faible que celle des deux vaccins cités précédemment, c’est son efficacité chez les personnes âgées qui est notamment remise en cause. L’atout du vaccin d’AstraZeneca réside dans son mode de conservation, beaucoup moins contraignant que Pfizer ou Moderna.

L’autre polémique porte sur la livraison des doses, moins importante que celle prévue dans les contrats initiaux passés avec l’Union Européenne.

Mais un des inconvénients de ce vaccin est l’absence potentielle de neutralité du vecteur viral. Le vecteur est souvent un adénovirus atténué qui contient le matériel génétique de la protéine SPIKE caractéristique du virus SRAS-COV-2. En cas d’injections multiples, le système immunitaire pourrait anéantir l’effet du vaccin en neutralisant le vecteur lui-même et l’empêchant ainsi d’atteindre les cellules. Une exposition avant injection à un virus vecteur pourrait donc réduire l’immunogénicité.

Il se conserve entre 2°C/8°C jusqu’à six mois avec un schéma vaccinal de deux injections dans un intervalle de 9 à 12 semaines.

Sanofi et Novartis vont aider Pfizer à produire son vaccin

Après le groupe français Sanofi, c’est le laboratoire suisse Novartis qui va également apporter son aide à Pfizer-BioNTech dans la confection de son vaccin. Novartis va notamment être chargé de mettre le vaccin dans les flacons. Sanofi a, quant à lui, signé un accord pour produire le vaccin de Pfizer, tout en continuant les recherches sur son propre vaccin.

La communication vaccinale

Actuellement, il y a une dramatique communication, entretenue par l’ensemble des consultants plus ou moins intelligents que nous voyons sur les chaines de télévision.

Les vaccins ont pour vocation d’éviter la saturation de notre système hospitalier. Les vaccins, lorsqu’ils sont efficaces, limitent les formes graves de la maladie mais ils n’empêchent pas de développer la maladie.

Beaucoup de personnes pensent que le vaccin est le graal d’une vie libre sans masque et sans penser que la distanciation sociale reste importante.

LES VACCINS N’EXONÈRENT PAS, POUR LE MOMENT, DES GESTES BARRIÈRES.

Rien ne démontre que les vaccins empêchent la transmission virale.

Le vaccin ne va pas, pour le moment, nous débarrasser de la maladie.

Comme le vaccin de la grippe, l’immunité acquise reste quelques mois et quid de son efficacité sur les potentiels variants ? Par exemple le vaccin Johnson et Johnson serait efficace à 57% sur le variant Sud africain quand les autres vaccins ne sont pas actifs.

Que signifie le pourcentage d’efficacité d’un vaccin contre la COVID ?

Un vaccin efficace à 90% signifie que sur 100 personnes vaccinées, 90% feront une réponse immunitaire attendue et connue alors que les 10 autres ne répondront pas à l’injection.

Globalement, on parle de 95% pour le vaccin Pfizer 7 jours après la deuxième injection contre 80.4% pour celui d’AstraZeneca par exemple. Ces chiffres peuvent encore varier par tranche d’âges, selon aussi les comorbidités, le sexe ou encore la masse corporelle. Plus nous vieillissons, plus la réponse immunitaire est difficile. Autant de points à avoir en tête pour mieux comprendre la complexité de ce que nous vivons.

LES DÉCISIONS POLITIQUES

Au début la puissance médicale s’est mise en mouvement avec l’apparition de certaines figures. Puis au fur et à mesure, d’autres figures sont venues prendre part au mouvement. Toutes sont de grand(e)s professeur(e)s en général, certaines sachant plus ou moins bien s’exprimer mais toujours ayant leurs réponses à toutes choses. Après avoir vu la puissance de la présence médicale de notre pays, la puissance politique semble vouloir prendre le dessus presque 12 mois après le début de la pandémie. Mais il ne faut pas être dupe, les ressources médicales et des sciences fondamentales dans une période où le politique est très affaibli servaient l’Exécutif qui se protégeait derrière le discours médical. Revers de la médaille, la situation donnait le sentiment d’avoir un Exécutif incapable de savoir faire les choix politiques. Nous avons vu en direct ces forces s’affronter et cela continue d’ailleurs. N’oublions pas que dans un peu plus d’un an, l’élection présidentielle arrive…

Les forces sont énormes, elles sont très nombreuses et pas forcément visibles par nous tous. Je pense notamment aux lobbies pharmaceutiques dont la puissance est illimitée. Mais je pense aussi à toutes les autres puissances, celle du tourisme ou de l’aéronautique, celle des bancaires et bien d’autres encore. En réalité, l’ensemble de l’humanité est en train de lutter pour préserver ses intérêts malgré les risques.

Tout est critiquable en démocratie et dans ce contexte, les décisions politiques le sont aussi, bien sûr. Mais ces décisions doivent être appliquées, c’est la loi et encore plus quand leur impact touche la santé, non seulement la sienne mais la santé collective toute entière. Elles doivent être appliquées sauf si elles sont injustes.

Alors notre situation actuelle pose de très nombreuses questions et je m’en pose souvent une, quand par exemple ce weekend, ciel bleu et températures printanières, les parisiens sortent nombreux dans les rues de la capitale ou encore sur les quais. Je vois un certain nombre de personnes ne portant pas le masque. Normalement, elles s’exposent potentiellement à avoir une amende de 135€ mais visiblement cela ne les dissuade pas de sortir à la vue de tous, hors la loi ; peut-être même, bien au contraire, elles en sont fières. Elles ont décidé, pour des raisons qui leur appartiennent, de ne pas porter le masque dehors. Mais ont-elles seulement compris qu’il ne s’agit pas d’un acte révolutionnaire ou politique mais bien d’un acte « anti-tous » ?

La communauté scientifique s’accorde à dire que le masque participe à la protection des individus et à la réduction de la propagation du virus. Imaginons maintenant que ces mêmes personnes tombent malades ? Est-ce qu’elles seraient prêtes à payer l’intégralité des soins de santé alors même qu’elles n’ont pas respecté les règles que la collectivité demande de mettre en place ?

Pourquoi ces personnes sont-elles en réaction ? Considèrent-elles que c’est injuste ? Oui, c’est injuste de vivre cette situation ; nous subissons ce virus dans nos vies perturbées mais la faute à qui ? Qui le sait d’ailleurs ?

En revanche, en quoi il est injuste de porter le masque quand le masque nous protège tous ? En quoi il est injuste de rompre la propagation virale par les gestes barrières ?

Il y a un dysfonctionnement dans notre logiciel des libertés. En France certains individus veulent à la fois leur liberté individuelle tout en profitant des avantages du collectif sans en subir les règles contraignantes.

Outre les problématiques médicales de la COVID, pour moi le problème numéro de notre pays est sociétal, bien avant les problèmes économiques qui sont gigantesques. Nous sommes un peuple dont le socle collectif est en complet anachronisme avec les comportement citoyens individualistes. Notre pays a besoin d’un véritable CHOC DE NON SOLIDARITÉ JUSTE pour comprendre à quel point les efforts financiers des uns et des autres, ceux qui travaillent pour une grande partie, sont énormes pour alimenter le système social toujours plus sollicité.

Le malaise se trouve où ?

Le malaise est économique mais il est surtout et avant tout social. De nombreuses personnes sont en insécurité psychologique et bien évidemment financière. Le malaise est là où nous dépensons le plus.

Nous sommes le pays qui dépensons le plus pour le social, 31.5% de notre PIB en 2018 et cela ne va pas. Nous dépensons chaque année toujours plus pour les hôpitaux et cela ne fonctionne pas. Nous prenons en charge les derniers traitements toujours plus chers pour ne pas voir les malades emprunter comme aux US. Mais que se passe-t-il dans notre pays pour voir autant de mécontents presque chaque samedi dans la capitale ? La santé est un pilier national, tous les efforts, ceux de nous tous, sont totalement oubliés comme si ces efforts n’étaient pas pour nous tous. Il y a peut-être une confusion, parce que la confiance n’est plus là. C’est comme si une partie des mécontents pensait que nos efforts collectifs ne servaient que le seul intêret de l’État or, pourtant, l’État c’est nous.

Exemple des étudiants

En ce moment nous parlons beaucoup du monde estudiantin. L’aide au logement est réduite de 5€ par mois, c’est un scandale. En revanche, voir des étudiants qui profitent des aides publiques avec des portables derniers modèles et donc avec abonnement, ou mieux avec un sac de luxe ou encore préfèrent le Velib électrique plus cher que le Velib classique, des choses futiles somme toute, cela ne pose aucun problème. C’est de l’ordre du privé. C’est leur liberté de choix ou comment être maître de ces choix avec de l’argent publique.

Les étudiants ne peuvent plus sortir, la situation sanitaire les bloque dans de petites chambres du CROUS, c’est un scandale, elles sont trop petites !

Des repas sont proposés pour un euros, c’est un scandale, ce n’est pas suffisant !

La formation des étudiants est assurée par un enseignement de qualité pour des frais d’inscription annuelle, sécu comprise d’environ 300€ en licence, ça ne va pas, c’est encore trop cher ! Il y a pourtant une offre de bibliothèques gratuites mais ça ne va toujours pas car elles ne sont pas ouvertes la nuit…

En France, les étudiants ne s’endettent pas comme aux US, pourtant certains se suicident, c’est un scandale ! Oui c’est vrai et néanmoins ce n’est pas nouveau. Nous savons depuis longtemps que des étudiants ne vont pas bien. Le système de l’enseignement supérieur serait-il maltraitant ?

Mais que se passe-t-il dans notre pays pour être aussi mal ?

Vous demandez à une personne de monter dans le bus avec son masque et cela dégénère. Vous demandez à une personne de payer quelques centimes pour un médicament et cela dégénère au comptoir car la seule chose qu’elle ressent c’est perdre ses droits à ce moment précis.

Ce sentiment de perdre quelque chose, son droit de liberté, son droit d’être intégralement pris en charge pour la maladie est en train de rendre la société extrêmement tendue. C’est globalement ce que l’on appelle le sentiment de déclassement.

Alors parfois avec la politique des yeux fermés, il arrive que les situations relèvent de l’inimaginable et pourtant elles sont bien réelles. Il est totalement anormal de voir des agressions après avoir demandé à des gens de respecter une règle. Il est totalement anormal de voir ceux qui ne respectent pas les règles prendre le dessus. Il est totalement anormal de voir ceux qui respectent les règles d’accepter autant les agissements de ceux qui ne les respectent pas, et ce, au nom de la liberté.

Pourquoi autant de problèmes de discipline ?

Parce qu’il y a un fossé entre les informations reçues via les différents canaux et ce que nous vivons au quotidien. Par exemple, depuis le début de nos problèmes sanitaires disons depuis mars 2020, je n’ai jamais eu un contrôle ni même rencontré un poste de contrôles, alors même que je suis régulièrement en horaires limités. Les contrôles sont quasi inexistants, alors même que les médias disent l’inverse. Pourquoi être chez soi après 18h quand je sais que je vais rentrer tranquillement après l’apéro chez mes amis vendredi soir ou encore passer sous la grille de mon café favorit pour aller boire une bière avec mon pote ? J’ai une attestation professionnelle, elle est fausse et alors ? Qui ira contrôler que mon entreprise me libère à 17h ? Je l’écris, ce sont des témoignages de personnes qui m’en parlent au comptoir ; ils en sont fiers, ils ressentent ce besoin de le dire : ils défient alors l’Exécutif, ils se révoltent, ils renforcent la confiance en eux, je ne sais pas. Parfois je me sens tellement au verso de ce monde.

Alors, certaines personnes adoptent le stratégie du « pas vu, pas pris ». Ah bien sûr, quand une personne est prise la main dans le sac, « vue, pendue » ah là là ! nous avons un nouveau scandale d’atteinte aux libertés : « qu’est-ce-que j’ai fait de mal ? » « Je n’ai pas Covid, je vais bien, nous sommes en dictature, je vais faire appel » « je ne peux pas respirer, je suis asthmatique, je porte le masque sous le nez » etc … Je pense que les forces de l’ordre ont dû rencontrer des asthmatiques comme jamais. Cette absence de contrôles, les français le savent car ils savent aussi que notre pays n’a pas les moyens de ses ambitions. Moyens humains limités, matériels défectueux entre autres. Malheureusement cette stratégie du « pas vu, pas pris » se révèle davantage par la situation sanitaire. Qui ne connait dans son entourage quelqu’un qui ne respecte pas ce qui est demandé ? Qui n’a pas vu un commerçant ne pas respecter non plus la règle ? Elle est peut-être le signal d’un besoin, comme chez les enfants, celui d’un retour à l’ordre. Mais de l’ordre de bas en haut et de haut en bas.

De l’ordre, des limites, nous en avons tous besoin. Reste à savoir où nous souhaitons placer les limites pour un ordre raisonnable. Cela sera certainement l’un des grands enjeux en mai 2022 lors de la présidentielle. Avec la COVID, nous allons devoir ouvrir grand les yeux, nous allons devoir nous retrousser les manches non seulement pour maintenir une situation sanitaire moins pire mais surtout pour éviter de tomber dans une situation économique cataclysmique. Sans quoi notre pays se reprocherait dangereusement d’un destin sans espoir.