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15 Jan2017

LA COMPLAINTE DE SABRINA.

Vous avez vu et ce n’est pas nouveau, chaque année, nous y avons droit, la complainte des métiers. C’est bien connu, en France tout va mal, mais alors très mal. Cerise sur le gâteau, nous entrons en période électorale, cela ne devrait pas se calmer, bien au contraire, cela va aller encore plus mal, mais alors plus mal. D’ailleurs certains clients me disent « la France n’est plus la France mon cher Monsieur ».

 

Alors une interne, Sabrina, diffuse sur le net une vidéo et s’en prend à la ministre de la santé.


Cette jeune interne interpelle Marisol Touraine.

 

DES PROBLÈMES A GÉRER POUR TOUS
Oui il y a des problèmes, et même j’ai un scoop : il y en aura encore et toujours. Mais interpeller la ministre pour davantage d’argent n’est-ce-pas demander aux Français de payer plus d’impôts ?

Sabrina souhaite des moyens pour travailler correctement et cela est bien normal et tout à son honneur. Je peux imaginer le stress au travail face des patients difficile, un entourage compliqué, l’énergie dépensée pour la partie administrative, l’épuisement en fin de journée.

Mais en quoi, dans un pays démocratique comme le nôtre, un ministre digne de ce nom, souhaiterait du mal pour son peuple ? Sabrina dit que L’ONDAM n’est pas suffisamment augmenté avec seulement + 2% mais si notre pays avait des recettes suffisantes, n’importe quel ministre serait fier d’améliorer un système de soins encore considéré comme un des meilleurs au monde.

Fillon nous parlait de faillite il y a quelques année, Fillon nous concocte des choix clairs dans le domaine de la santé : moins de service public, ce qui en quelque sorte, règlerait votre question de lit pour la patiente de 75 ans puisque vous n’auriez certainement plus à vous la poser par manque d’établissements publics et donc de lits. En revanche, il faudra vous demander si un rhume est gros pour être pris en charge par la Sécu ou s’il est petit pour ne pas être pris en charge par la Sécu. Ensuite Mesdames et Messieurs les médecins, il faudra prescrire pour le gros ou le petit rhume parce qu’en France, c’est comme ça, personne ne ressort d’une consultation sans une prescription de médicaments sinon le médecin est mauvais. Et il sera d’autant plus mauvais s’il prescrit des médicaments non remboursés, car c’est bien connu, ils ne sont pas efficaces dans la conscience collective. Mais alors, pourquoi y a t-il des pharmaciens dans ce pays si c’est c’est pour s’en mettre plein les poches avec des produits inefficaces ?

Nous devons tous faire avec ce que l’on a, ce que l’on nous donne, moi je veux du matériel performant mais ce n’est pas toujours possible par manque de crédit, moi je veux des médicaments et pouvoir les proposer à mes clients et pourtant ce n’est pas toujours possible pour cause de rupture, pour cause de quotas ou je ne sais quelle autre raison. Certes, je fais rarement face à un engagement vital mais je veux montrer par là que les problèmes face aux malades exigeants sont partout. Face aux difficultés, je pense même que tous les professionnels de santé se posent la question de leur engagement, surtout lorsqu’ils découvrent après les bancs de la fac, la réalité du travail ; ils se posent la question de leur place dans ce système de santé que nous jugeons parfois anachronique avec l’idée d’un pays moderne.

En cette année électorale, la question du financement et de l’organisation de notre système de santé me semble d’une importance majeure. Le système de santé tel qu’il existe, n’a jamais autant suscité d’agitation politique.

Mais serait-il possible d’être juste et de dépasser les positionnements politiques pour avancer ensemble ? Il faudrait plus d’argent, je crois que nous sommes tous d’accord. Mais faisons nous l’effort aujourd’hui d’utiliser l’argent public de façon efficace ? Je crois que l’hôpital n’est pas l’exemple le plus pertinent en matière de bonne gestion de l’argent public même si des efforts de la part de certains médecins tentent de mieux prescrire.

Et ce que je vois de la pharmacie ne me rends pas plus optimiste. Le gaspillage est bien là. Force est de constater le nombre de cartons cyclamed® que je donne à la destruction, au moins un par semaine. Cela m’interroge systématiquement sur notre façon de nous soigner ou pas d’ailleurs, puisque les médicaments payés sont ensuite brûlés.

 

CHACUN COTISE, CHACUN PUISE
Chacun puise en fonction de ses besoins et chacun cotise en fonction de ses revenus : cette phrase caractérise la Sécurité sociale à ses débuts, après la guerre. Elle souligne une tellement belle idée qu’elle rend la France adorable. Malheureusement le système est tellement adorable qu’il est devenu normal d’en abuser.

Il faut la relire plusieurs fois pour se rendre compte que nous n’y sommes plus depuis bien longtemps. Les individus semblent oublier le coût de la santé, le revers de ce système, c’est bien d’avoir inculqué un sentiment de gratuité. Notre système de sécurité sociale est là mais l’on oublie volontairement que la santé est un énorme business à part entière où il y a des emplois à préserver.

 

LE BUSINESS DE LA SANTÉ
Parler d’argent et de santé humaine choque, le parallèle ONDAM/patient choque et pourtant il n’y a rien de gratuit,
chacun puise en fonction de ses besoins, c’est vrai, mais chacun cotise aussi en fonction de ses revenus.

Le business de la santé est aussi le business de la misère. Ce dernier entretenu par une économie low cost supporte lui-même des emplois comme le mien, comme celui de Sabrina aussi. Les patients CMU, les patients AME, cette misère est consommatrice de consultations, de soins médicaux, de médicaments. Et je suis désolé de vous le rappeler mais qui dit business, dit finance. Cette misère génère du travail et voilà un sujet difficile. Derrière cette misère souvent des gens venus d’ailleurs, elle devient une question politique. Faut-il par exemple supprimer l’AME ? Faut-il faire payer un peu plus les patients les plus pauvres pour les responsabiliser davantage ?

 

LA SANTÉ, UN ÉNORME BUSINESS
La santé est surconsommée, aujourd’hui la question qu’il me semble légitime de se poser n’est pas pourquoi l’ONDAM n’est que de + 2% et pas davantage ni même comment régler un déficit qui de toutes les façons sera toujours présent.

Posons nous la questions si notre argent à tous est dépensé avec déontologie et éthique et toujours médicalement justifié par les prescripteurs pour leurs patients ?

Quand je vois des personnes qui parce qu’elles ne veulent pas payer le moindre centime d’euro pour leur santé par simple principe, présentent une ordonnance à 100% de crème à la vaseline et à la paraffine, le professionnel de santé que je suis, se réjouit de la dépense mais le citoyen que je suis aussi se pose vraiment des questions sur l’intégrité de certains prescripteurs. Quand un prescripteur ordonne une liste de produits à une personne autre que l’assuré parfois même à destination de l’étranger, là encore, le professionnel se réjouit mais le citoyen qui cotise se pose de question. Quand un prescripteur donne une série d’ordonnances de chaussures orthopédiques à 60€ la paire à toute une famille, je me réjouis pour l’entreprise mais le citoyen qui cotise se pose des questions sur l’intégrité du prescripteur.

Enfin pour finir et en rire, un jour une dame d’origine chinoise arrive avec une prescription où se trouvait l’intégrale des attelles d’immobilisation cou, dos, genoux, poignets, cheville etc… prête à prendre n’importe quelle taille, bien évidemment j’ai refusé la moindre délivrance cela n’avait aucun sens, notre système engendre bien des faux malades.

 

CONCLUSION
La seule chance que nous avons, c’est l’absence de contrôles. Sous le mandat de François Hollande, leur nombre a cependant augmenté et je vous le donne en mille : la fraude sur la branche maladie a augmenté de 46% en 5 ans (source Délégation nationale de lutte contre la fraude).

La fraude a dépassé les 240 millions d’€ en 2015 comme quoi, Sabrina, si les citoyens étaient davantage citoyens, il y aurait de quoi vous satisfaire en termes d’hébergement de santé.

Votre web pharmacien.

 

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