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26 Avr2015

LA SÉCURITÉ SOCIALE, UN JOUR UNE FIN ?

Chaque jour je vois passer plus d’une centaine de personnes, de la vente libre à la délivrance de prescriptions, les fins de journées sont parfois mises à rude épreuve. Il y a des personnes qui payent d’autres non, certaines qui acceptent de payer d’autres qui ne veulent pas payer. Il faut chaque centime justifier, alors que les décisions de prise en charge se déroulent dans les bureaux ministériels.

Certaines personnes ont des mutuelles privées d’autres la CMU, la couverture mutuelle payée par l’État donc par nous tous, j’en ai déjà parlé. D’autres encore ont l’AME, la couverture pour les étrangers payée par l’État donc par nous tous, j’en ai déjà parlé aussi dans mon blog. Et enfin, d’autres sans mutuelle, soit par choix soit par impossibilité d’en contracter pour des raisons financières.

Naïvement, je croyais que les personnes les plus pauvres, les CMU, les AME les plus vulnérables en fait, étaient des personnes dont les comportements seraient plus honnêtes, plus sages.

La pharmacie moderne m’a montré bien l’inverse. La moralité et l’honnêteté ne sont pas les traits de caractères communs aux personnes pauvres. Je sais qu’il n’est pas politiquement correct de l’écrire mais hélas, c’est parfois la triste vérité, j’y suis confronté chaque jour. Les personnes pauvres ont su développer des mécanismes de survie souvent au-delà de la frontière de l’honnêteté, un peu comme les cols blancs véreux. La seule différence sont les sommes en jeu mais le fond reste le même : la fraude.

L’incroyable réalité montre aussi que cette fraude n’en est pas à leurs yeux. Les lois ne sont plus faites pour être appliquées. La seule chose qui compte est de recevoir le traitement inscrit sur l’ordonnance coûte que coûte, LOL sans donner un Euro !

La France, pays des droit de l’homme, a su imaginer un extraordinaire système de solidarité, que personnellement je trouve absolument magnifique. C’est peut-être aussi pourquoi je fais ce métier. A mon niveau, je voulais certainement participer à faire de ce système le meilleur du monde.

Mais aujourd’hui je crois que notre gentillesse a des limites. Le système ne peut fonctionner qu’entre personnes RAISONNABLES. Je ne crois pas malheureusement que le raisonnable soit intime en chaque citoyen. Et c’est cela qui pose problème quand notre système est uniquement basé sur la confiance. Un bon fonctionnement est impossible dans un monde capitaliste où l’absence de contrôle s’accompagne d’un individualisme rattaché paradoxalement à la solidarité.

Individu et collectivité

J’ai eu écho des sentiments qui animaient nos anciens quand la sécurité sociale est née. Cette belle idée mise en œuvre pour tous nous protéger. Les citoyens respectaient ce cadeau qu’eux-mêmes finançaient. Une génération après, trente glorieuses obligent, le système a certainement dû s’emballer. L’habitude banalise l’extraordinaire système. Aujourd’hui le système est hors contrôle, c’est chacun pour soi. Alors même que le système est solidaire, chacun pense avant toute chose à lui-même.

Je pense à un jeune patient qui profite de la générosité de la France en bénéficiant de l’AME. Son médecin lui prescrit un anti-épileptique. A la fin de la délivrance il me regarde et dit « j’ai oublié de vous dire que ce médicament je ne le prends plus ». Étonné, je le regarde et lui dis « mais vous prenez quoi à la place ? » « Rien me répond-il mais ce n’est pas grave je le donnerai. » « Ah bon le donner, mais à qui ? Si vous ne le prenez pas il ne faut pas faire la dépense, c’est le travail des autres qui paie ce médicament que vous allez peut-être jeter. » Et là, très naturellement, il me répond « Mais je m’en fous des autres ».

Eh oui « je m’en fous des autres« , c’est ça la réalité de la belle idée Sécu.

Dans ce contexte, est-ce qu’un jour la Sécurité Sociale aura une fin ?

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