ORDONNANCES OU BONS D’ACHAT ?

Je ne pense pas être le seul à vivre des choses surprenantes en pharmacie, en revanche, je pense être le seul professionnel à m’étonner.

Je voulais vous parler d’un troc. Celui que l’on fait dans les brocantes, sur les marchés aux fleurs, c’est une idée intéressante, mais a-t-il sa place dans une officine ?

A priori oui puisque certains confrères font du troc de médicaments. Oui du troc et un petit tour voilà, « la sécu paiera, ne vous inquiétez pas, il n’y a pas de problème avec moi » dixit le client demandeur « ce n’est pas moi qui fait le trou de la sécu vous savez mais plutôt ceux qui ne règlent pas les hôpitaux, vous avez vu l’émission C dans l’air hier soir, ah ben c’est quelque chose, on leur donne tout ».

Et voilà comment j’ai appris avec un nouveau client : le troc. Chez son pharmacien habituel, parti en vacances, il a l’habitude de prendre une ordonnance, n’importe laquelle, comme un bon d’achat et par exemple demander une boîte de Progestérone® 100 contre un Lexomil® prescrit. Oui c’est surprenant mais c’est bien cela qu’il me demandait, une hormone contre un anxiolytique et ne rien débourser.

Alors quel rôle pour le pharmacien qui fait ce genre d’arrangement ? Celui d’ÉPICIER évidemment. Voilà comment mon métier est dévalorisé, pas besoin de faire des études pour faire du troc n’est-ce-pas; voilà pourquoi notre place est facilement remplaçable par du personnel moins formé et moins cher, voilà pourquoi mon métier s’organisera bientôt en grand réseaux de magasins avec des gens qui ne connaîtront pas vraiment les médicaments.

Quel rôle pour le médecin et son ordonnance ? ÉDITEUR DE BONS D’ACHAT évidemment mais la différence avec nous, les pharmaciens, c’est leur lobby, puissant et mondialisé. Il faudra toujours des prescripteurs, je n’en suis pas si sûr des pharmaciens d’officines tels que nous les connaissons aujourd’hui.