LA SECU DISPARAITRA, DISPARAITRA PAS ?
Si comme moi vous vous demandez si la « sécu » sera toujours là quand vous en aurez véritablement besoin alors cet article vous intéressera.
ORIGINE DE LA « SECU » EN QUELQUES MOTS
D’abord un rappel historique rapide sur la création de la « sécu ». Il est intéressant de comprendre lors de sa création après la guerre, le rapport de force, de rivalité aussi entre les classes sociales.
Le patronat sort de la guerre avec un rôle marqué dans la collaboration alors que les ouvriers sortent plutôt vainqueurs de la résistance et le premier parti de cette époque est le PCF.
Les patrons, ce n’est pas un scoop, moins ils payent mieux c’est (à de rares exceptions); ils ne sont pas vraiment enclins à donner toujours plus d’argent aux ouvriers, pourtant quand ils comprennent qu’un ouvrier en bonne santé est un ouvrier présent à son poste de travail alors le changement s’amorce.
Le conseil national de la résistance met en place via les syndicats les bureaux des caisses de « sécu » dans tous les départements français.
Le Général De Gaulle crée par ordonnance le 4 et 19 octobre 1945, la « sécu », elle annoncent l’unification de l’ensemble des caisses d’assurances maladie.
En novembre 45, Ambroise Croizat, un ouvrier métallurgiste cégétiste, rassemblement oblige, rentre dans le gouvernement. Après la démission du Général De Gaulle et en quelques mois, aidé de Pierre Laroque, un haut fonctionnaire, Directeur général des assurances sociales, Ambroise Croizat met en place la « sécu » que l’on connait alors que la France est ruinée.
Mais le grand bouleversement tient surtout en sa gestion. Vous ne le savez peut-être pas mais ce sont les syndicats ouvriers qui avaient la responsabilité de l’énorme capital destiné à la gestion de la « sécu ». Les conseils d’administration sont constitués par 3/4 des représentants des travailleurs et 1/4 des représentants du patronat.
Beaucoup d’argent est en jeu, une chose plutôt inédite; une fois et demie le budget de l’État, 1/3 du salaire non contrôlé par les patrons ou l’État.
Il est très important de comprendre cela car aujourd’hui l’enjeu immense est de transférer petit à petit cet argent vers le privé et vous pouvez aisément imaginer les montants, ce sont des milliards d’Euros.
LE MODÈLE SOCIAL FRANÇAIS
Vous l’avez vu, le modèle social français est une question majeure dans la campagne politique qui se joue actuellement. Nous avons hérité de ce passé, le droit de grève, le droit syndical ou encore le droit à la participation des salariés dans les entreprises et bien sûr le droit à la « sécu ».
Un droit qui permet de prendre en charge la maladie pour tous que l’on soit riche ou pauvre. Chacun cotise selon ses revenus et chacun puise selon ses besoins.
Ce droit est financé par le travail et aujourd’hui ce financement, ce trou est sans arrêt mis en avant pour communiquer sur la remise en cause de l’assurance maladie, la « sécu ».
Il est important de comprendre comment depuis plusieurs dizaines d’années nous entendons parler du trou de la « sécu ». Il faut revenir sur ce que je vous expliquais à propos de l’absence de contrôle de cet argent par le patronat car géré par les ouvriers. Petit à petit la « sécu » est entrain d’être découpée. Les morceaux ainsi formés sont distribués aux mutuelles et aux assurances. Voyez par exemple François Fillon et ses liens hypothétiques avec Axa, l’on sous-entend ainsi que Fillon président pourrait favoriser certains copains.
Pour vous mettre sur la piste, on parle de petits risques non pris en charge, une façon de transférer cet argent vers le privé. Bien ou pas bien ? je ne sais pas, le capitalisme créant son lot de prédateurs, les attaques seront toujours présentes et les acquis sans cesse remis en cause.
Peut-être faut-il se demander si nous avons d’autres choix que de transférer ce risque quand on voit le prix de l’innovation médicamenteuse pour de lourdes pathologies par exemple ? En France le prix des médicaments est bas mais il ne faut pas s’imaginer que les laboratoires vont baisser leurs prix uniquement pour les beaux yeux des français. L’industrie pharmaceutique est redoutable et la santé à bel et bien un prix pour nous tous.
Peut-être faut-il se demander si notre modèle social si respecté en ses débuts, une idée fascinante, un modèle unique qui me rend fier de mon pays, ce modèle n’est-il pas devenu une énorme machine modifiant profondément les comportements ? Quand on n’a pas de revenu, on ne cotise pas mais quand on a besoin d’être soigné, on puise, c’est facile il suffit de passer chez le médecin. Moi, je suis au cœur de la machine et je vois certains comportements d’individus, des individus qui ne pensent qu’à eux, ils me fascinent et dans un même temps, ils ne me rendent plus du tout fier de mon pays.
LES « MUTANTS » DE LA « SECU »
Le trou de la « sécu » que dis-je l’énorme trou de la « sécu », si tant est que nous puissions le mesurer car depuis que je suis né, je l’entends, la « sécu » est en déficit et elle continuera même à l’être. D’ailleurs politiquement parlant, cela permettra de justifier davantage de transferts de risques vers les assurances.
Parfois j’entends « ce n’est pas moi qui fait le trou de la « sécu », je vais rarement chez le docteur », « he bien d’autres y vont pour vous » je réponds, j’ai connu une mutantes y allant une à deux fois par semaine. Oui inimaginable. Sans emploi elle avait besoin d’être rassurée à chaque instant sur sa santé. Une vraie hypocondriaque qui revenait cher à la collectivité en revanche un bon plan pour les médecins. Une « mutante bankable » qui rapporte un maximum pour un minimum de temps passé avec elle puisqu’elle n’avait rien. Si pour la forme, elle ressortait avec une ordonnance : un paracétamol, une crème corticoïde, un anti-histaminique et hop la consultation était bouclée. Le pharmacien était le professionnel suivant. La journée passait ainsi plus vite, attendre au chaud son rendez-vous, rencontrer d’autres malades, passer à la pharmacie et y échanger quelques mots sur soi, sur l’actualité, sur les autres, c’était beaucoup mieux que de rester seul entre quatre murs à ne pas savoir quoi faire.
Les « mutants » se gavent. Ils se gavent de soins gratuits pour mieux dire leur inefficacité ensuite car la critique négative les façonne très souvent, ils se gavent de médicaments gratuits pour ne pas les absorber parfois. C’est inimaginable le gâchis que nous payons pour ces « mutants ». Personne ne se penche sur eux et leurs comportements et pourtant je les vois. Il suffit de demander les tonnes de médicaments non utilisés et traités par cyclamed issues des officines, plus de 12 tonnes en 2015, en hausse de +0.4 % par rapport à 2014 !
Alors la « sécu » est critiquée. D’ailleurs on dit il ou elle ? La « sécu » est une entité difficile à modéliser pour certains, y mettre même un genre est parfois difficile. Parfois j’entends « ils payeront » ou encore « elle va payer ». Qu’est-ce-que cela signifie ? Le patient sait que la « sécu » est une énorme machine qui règle les dépenses d ‘assurances maladie mais finalement c’est assez flou. Du coup certains trouvent là, un moyen de compenser les efforts de leur travail qu’ils estiment détournés et préfèrent mettre dans la « sécu » les hommes et les femmes politiques ou ce que l’on appelle en général les élites.
La « sécu » est une véritable soupape de sécurité sociale au sens stricte des mots. La « sécu » permet d’apaiser les tensions. Imaginez demain en France la suppression de la « sécu ». Vous ne l’imaginez pas, moi non plus.
POURQUOI LA « SECU » NE DISPARAITRA PAS ?
La « sécu » ne disparaîtra pas. Certes, elle va changer, il y aura toujours un déséquilibre financier mais le gros risque sera toujours pris en charge. Quant aux autres risques comment cela risque d’évoluer ?
Je mets en lien notre système social et l’absence de transparence de notre élite. Je pourrais parler de l’affaire Cahusac ou bien d’autres encore mais actuellement quel meilleur exemple que le Pénélope Gate avec François Fillon.
Nous le savons tous, il s’agit là d’une énorme affaire d’argent et elle ne se situe pas sur le plan de l’illégalité, quoique, si elle aboutit à un emploi fictif. Elle se situe davantage sur le plan de l’éthique.
Alors quand nous apprenons ces histoires, des pépites médiatiques, certains sont indignés mais pas tous. François Fillon s’affiche sans scrupule devant les caméras expliquant que son épouse a fourni un travail dans sa maison. Personne n’avait à juger de ce travail, oui oui avec l’argent public, seul le député peut en juger. Seul le député peut aussi décider de rémunérer très largement et favoriser naturellement ses enfants avec des salaires que même un adjoint en pharmacie n’atteindra jamais malgré 6 ans d’études. Finalement les rentrées d’argent de la famille Fillon qui travaille énormément pour la France s’élèvent à près de 900 000€, mais s’agit-il du brut ou du net ? Là est la question mes amis !!
La « sécu » agit comme un matelas amortisseur sur les citoyen, le système social au sens large est un moyen d’acheter la paix sociale.
La « sécu » est la joaillerie du peuple. Une joaillerie qui coûte très cher c’est vrai mais jamais non plus réformée intelligemment.
La « sécu » est une nébuleuse où beaucoup d’argent s’y trouve, je vous rappelle que la France injecte dans le social au sens large un peu plus de 10% de son PIB, c’est unique au monde. Dernièrement dans le nord de la France, un couple a été jugé coupable pour fraude aux prestations sociales : logement social, RSA, donc CMU, sans compter toutes les autres aides que les assistantes sociales peuvent mettre en place comme des aides pour payer les factures diverses. Les services fiscaux ont prouvé que ce couple collectionnait des voitures de luxe à son nom et qu’entre 2009 et 2013, les relevés des comptes du mari, auto-entrepreneur, présentaient des rentrées d’argent de 442.200 euros. La femme, de son côté, disposait des dizaines de milliers d’euros sur son compte.
Vous voyez que l’on soit Fillon, 900 000€ ou citoyen, 442 200€, la France est tellement gentille qu’il est tentant d’en abuser. Je remarque quand même que le citoyen détourne deux fois moins que le politique, il y a encore du travail citoyen !! Une chose est sûre l’immoralité les caractérise, les deux.
Des fraudeurs comme ceux-la, la France en a combien ? La fraude est en augmentation ces dernières années. Les élus ne mettent pas le paquet pour détecter les fraudes chez les citoyens. Nous disposons trop peu d’inspecteurs pour contrôler l’intégralité de notre système social : détecter le travail illégal et détecter les fraudes sociales diverses (CAF, RSA, CMU, AME etc…).
Plus la transparence sera appliquée aux citoyens, plus elle le sera aussi pour nos élites, nos hommes politiques et ils le savent bien. l’inverse est vrai aussi.
Il existe bien des organismes de contrôle comme les Missions Nationales de Contrôles et d’Audits, les MNC ou bien les Missions d’Évaluations et de Contrôles, les MEC sur les enveloppes allouées aux organismes de sécurité sociale, mais je doute de leurs efficacités quand on voit par exemple l’impossible fonctionnement du dossier médical patient qui pourrait réduire les prescriptions doublons et le gâchis médicamenteux qui s’en suit et payé par le contribuable.
Mais est-ce que tout le monde souhaite vraiment cette transparence ? CQFD non ?
La « sécu » va continuer à nous protéger et toujours financée par l’argent des actifs. Il va y avoir moins d’argent certainement mais le gros risque sera toujours pris en charge et c’est la bonne nouvelle, parce que cela arrange tout le monde, les citoyens, les hommes et les femmes politiques et les laboratoires pharmaceutiques. En revanche, alors que les générations précédentes auront profité de la couverture quasi intégrale, ma génération et les prochaines auront vraisemblablement davantage à débourser pour le petit risque.