LES AFFRANCHIS.
Il y a un sujet qui me plaît beaucoup.
Difficile à quantifier, ils ne sont pas hyper-nombreux et pourtant ils sont partout, dans tous les domaines, sur la route, dans les commerces, ce sont des professionnels ou des clients, vous en avez certainement rencontrés, tout leur est dû.
Ce sont les affranchis.
La pharmacie n’échappe pas à la règle; « Je veux 6 mois de traitement, je pars au bled demain », « A la place du Seresta® 50 donnez moi du Doliprane® 1000 », « Le médecin s’est trompé, je ne prends jamais les génériques », « Les médicaments ne sont pas pour moi mais c’est moi sur l’ordonnance » etc... Les règles de la sécurité sociale, celles de l’éthique et celles de la déontologie sont chaque jour bafouées par des clients qui poussent les professionnels à la faute par peur de perdre une vente ou pire par des professionnels qui poussent les clients vers une médecine ou une pharmacie de « ripoux ».
Quel est l’intérêt thérapeutique, pharmaceutique de remplacer un anxiolytique par du Doliprane® ? Aucun et pourtant, certains acceptent la demande en donnant en équivalence prix du Doliprane® et en facturant le Séresta®. On parle du rôle du pharmacien et bien voilà un superbe exemple. Le pharmacien est vraiment important voyez-vous.
Et je ne parle pas des communautarismes qui font aussi des ravages où l’on arrive à des summums ! L’égalité des citoyens est alors une planète imaginaire, un vœux pieux. Ce qui sera fait pour les uns, ne le sera pas pour les autres car il y a quand même un peu la peur du gendarme.
« Donnez moi du Clamoxyl®500, du Doliprane® sirop, Clarityne® sirop, j’ai l’habitude de faire comme ça ici. Vous aurez l’ordonnance plus tard, mon père est médecin ( me voilà rassuré, une liste de marché est à disposition) il me fera une ordonnance de tout ce que je veux, ne vous inquiétez pas, il n’y a aucun problème avec moi, ni avec la sécu ». Ben oui ça fonctionne comme ça pour certains et le responsable de ces comportements est le professionnel de santé et uniquement lui.
« Vous pouvez acheter les médicaments puis ensuite nous vous ferons une feuille de remboursement quand votre papa fera l’ordonnance, si je peux me permettre ?….. NON, pourquoi payer alors que je ne paie jamais »
Ah !? C’est bien connu, le pharmacien avance, il est riche et le fait même d’envisager le moindre paiement c’est déjà offenser le client. Toi le nouveau il va falloir te plier à la règle, c’est moi le client, c’est moi le roi, c’est moi qui décide, « Oui vous avez raison. Pardon. Voilà vos médicaments et soignez-vous bien ».
Vous saviez qu’il y avait une médecine à deux vitesses et vous aviez raison, vous ne saviez pas qu’il y avait aussi une pharmacie à deux vitesses, ceux qui paient et ceux qui ne paient jamais et que les profiteurs ne sont pas obligatoirement ceux auxquels vous auriez pu penser. C’est peut-être même l’inverse, autant la médecine, une médecine raisonnée, intelligente, celle que tout le monde voudrait, profite à ceux qui ont de l’argent, autant la pharmacie profite à ceux qui n’en n’ont pas et avec l’argent des autres. Celui de ceux qui bossent, qui cotisent et qui n’ont jamais eu un seul arrêt de travail. La classe moyenne en quelque sorte, honnête, celle qui veut bien payer des impôts, des taxes mais qui pourtant se fait plumer par les malhonnêtes évoluant dans un système de santé hors de contrôle.
Les affranchis ont compris le business de la santé et ils en profitent. AME, CMU ou autres et hop tous les amis non assurés en profitent, il suffira de demander. Oui cela existe, des personnes se font prescrire des médicaments qui ne leurs sont pas destinés. Le médecin soigne au nom du serment d’Hippocrate et le pharmacien délivre au nom du quoi ? Ben au nom de l’ordonnance qu’il a sous les yeux.
Ces affranchis égratignent un peu plus le circuit officinal. Les victimes sont non seulement les professionnels de santé, une pharmacie ferme tous les 3 jours mais aussi les clients, à vouloir toujours plus, sans payer plus, notre métier n’est plus celui de pharmacien, de conseiller mais plutôt celui de simple vendeur.
Jeune génération, vous avez en tête la modernité de la pharmacie, l’argent de la profession, l’intelligence de la profession. Entre la théorie valorisant ou mieux, flattant les pharmaciens dans un système de santé moderne et la réalité les oubliant, réfléchissez à deux fois avant de vous engager dans le circuit officinal.
Une chose est sûre, c’est que ce beau monde médical et officinal, oublie la substance même des serments d’Hippocrate « Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain …. » et de celui de Galien » Je jure d’exercer avec conscience et de respecter non seulement la législation en vigueur mais aussi les règles de l’honneur, de la probité et du désintéressement ».