PHARMACIEN IN BRASIL
Un pharmacien en déplacement en France peut s’il le souhaite, acheter une boîte d’antibiotique chez un confrère. Il est spécialiste du médicament, il peut se passer à un moment donné de la consultation médicale. Un autre pharmacien lui délivrera sans problème le médicament sous réserve de montrer sa carte professionnelle.
Mais à l’échelle du monde quelle est la reconnaissance d’un pharmacien français ? Je n’en sais rien. En revanche j’ai un avis clair sur la reconnaissance du pharmacien français au Brésil.
Deux mots AUCUNE RECONNAISSANCE.
Aucune reconnaissance, 6 ans d’études pour devenir un spécialiste des médicaments, 6 ans qui ne servent à rien au Brésil. Un pays en pleine croissance au même titre que l’Inde, la Russie, la Chine et l’Afrique du Sud, regroupés sous le sigle BRICS.
J’avais besoin d’antibiotique pour initier un traitement, je me suis donc rendu plutôt confiant face à ma consœur internationale dans une pharmacie. Erreur, grosse erreur … Il fallait une ordonnance pour cela, ce que je comprenais parfaitement. Seul un docteur brésilien en médecine pouvait me sauver et seul un docteur brésilien en médecine pouvait lui donner la possibilité de délivrer !
Je rentre donc en discussion … en anglais … en vain. Oui au Brésil comme vous le savez la langue nationale est le portugais et pour trouver quelqu’un qui parle un peu anglais, il faut se lever de bonne heure. Seuls certains hôteliers le comprennent, le parlent et encore, mieux vaut choisir des hôtels haut de gamme sinon le problème de la langue se repose. Les français sont souvent pointés du doigt pour l’exercice de l’anglais, il y a pire que nous : les Brésiliens !
je reviens donc à mon interlocutrice, docteur en pharmacie, enfin j’imagine. En tous cas elle était derrière le comptoir. Je lui dis que c’est la même chose en France, une ordonnance est nécessaire mais nous sommes confrères, je connais ce médicament, l’amoxicilline 1 gramme, celui que je voulais et qu’à ce titre, elle peut me le vendre.
Rien n’y fait. Alors je décide de lui montrer ma carte professionnelle, elle est verte au couleur de la pharmacie en France, il y a ma photo et le caducée.
Elle s’en fiche (on est à Rio pas à Paris), rien n’y fait encore alors je décide de passer au cran supérieur et de voir le ou la manager de la drogueria.
Je vais la voir, elle était entrain de faire du rangement, à vrai dire je ne sais pas si elle était la responsable mais elle le confirme quand même. Je lui explique ma demande qu’elle refuse tranquillement aussi avec un signe négatif de la tête.
A ce moment là, je n’insiste plus et je comprends que mes efforts ne serviront à rien. Je ressors déçu mais étonné à la fois.
Aujourd’hui je viens de lire un article parlant des JO de 2016 et de la contamination de l’eau sur le site où devaient se faire les compétitions d’aviron entre autre. Un conseil au comité d’organisation olympique, seule une horde de « mandarins » brésiliens avec papier et stylos permettra sur ordonnance la délivrance d’antibactériens évitant ainsi aux athlètes de repartir à coup sûr avec une conjonctivite.
Conclusion : un pharmacien français au Brésil, spécialiste du médicament en France, n’est rien au pays de la caipirinha. Ce pays où finalement j’étais tenté de dire que la législation serait moins respectée m’a bien surpris. Au contraire, aucune dérogation n’a pu s’établir pour obtenir la délivrance du médicament. J’ai finalement retrouvé une boîte vieillissante d’antibio au fond de ma valise qui m’aura bien aidé. Ce grand et beau pays reste quand même entre Amazonie et mégapoles un bon souvenir aux multiples paysages et métissages.